Caractère & physique

D'une personnalité peuvent découler bien des merveilles, et étrangement, l'on observe au cours du temps que les êtres instables recèlent en eux bien des trésors que l'on dénomme secrets . Ces zones d'ombre qu'ils nous dissimulent ont une valeur inestimable, néanmoins graduée selon l'étreinte qu'y exercent les ténèbres, camouflant à la réalité une myriade de réponses, celles qui faciliteraient la vie de ces individus . Baskerville est l'un d'eux : Mécontent d'assister à la tragédie de sa création, l'on accusera Dios d'avoir créé en lui une ardeur insatiable, des flammes inexctinctibles qui le poussèrent jadis à commettre des actes si atroces qu'encore aujourd'hui le noble aristocrate ne peut s'excuser . Habité par la rage qu'il combine à sa soif de sang, il se concevait désormais comme un monstre, une machine à tuer que personne ne pouvait raisonner ... Pourtant, le peu d'âme humaine qui subsistait en lui, prisonnière de chairs réduites qui condensaient sa fureur, le forçait à penser qu'un jour, peut-être, un guerrier assez pur saurait mettre un terme à ses tourments .

Baskerville est un druide maudit, généralement présenté sous une forme animale qui abrite en ses tripes un cerbère infernal, fléau qui hurle sans cesse au fond de ses entrailles, geignant de solitude quand ses puissantes mâchoires claquaient pour réclamer la viande qu'il lui manquait . Trêve de métaphores, le sorcier guerroyait autrefois pour son compte, se contentait de chasser pour trouver du plaisir, et tentait d'honorer si possible des causes plus honorables . Mais craintif du destin, renié par les dieux, le noble perdit bien vite le sens qu'il avait emprunté depuis sa plus tendre enfance : Celui de la justice, de l'amour et du respect des valeurs traditionnelles . L'amour avait toujours occupé une grande place dans son coeur, une des raisons qui causèrent la chute de son ancien « lui », une décadence qu'avait engendré de manière plus précise une longue accumulation de circonstances ayant débouché sur un affreux dilemme . Mais son histoire relatera ces faits .

Ce qu'il suffit de retenir chez Baskerville réside certainement dans son allure frigide, celle-là même qui le rend si associable, une personnalité qui lui colle à la peau, un naturel qui intimide . Respecté, il n'est pas moins une idole par son charisme que par sa capacité à glacer le sang des témoins d'un simple regard rougeoyant . Ses traits exprimaient tout son sérieux, un calme olympien qui lui conférait une allure démoniaque, une créature venue d'ailleurs, un messager des enfers . C'est cette impassibilité qui le rend si dangereux . Baskerville ne ressent plus rien, sinon de la colère envers tous ceux qui osent l'approcher, et c'est ce pour quoi la Rose Noire l'a depuis tant intéressé : Il lui faudrait des frères capables de comprendre sa détresse, une compagnie qui, espérait-il, le sauverait de la noyade . Déjà aveugle, il n'était pas fier à l'idée de mourir chagrin sous peu si on ne l'aidait pas ...

Baskerville a toujours été très soucieux de son apparence . Ces traits de caractère qu'il refusait de caricaturer ont constamment ressenti le besoin brûlant de s'exprimer au travers de ses pores, jusqu'à toucher, peut-être, l'âme de ses voisins . Ce que voulait l'aristocrate, c'était impressionner, un objectif qui relevait typiquement de son rang social auquel l'on associe généralement des stéréotypes fort bien dépréciatifs, des clichés qui les dépeignent comme de vils avares rongés par le vice et vaniteux dans l'âme . Autrefois, Baskerville n'était pas ainsi, même s'il répond parfaitement à l'appel de ce portrait aujourd'hui . Fort intrigué dès sa prime enfance par les costumes des cours qui symbolisaient, disait-on, la sagesse et la bonne éducation, le sorcier s'est vite laissé tenter par ces accoutrements ostentatoires de richesses . Son barda se limitait alors à une longue tunique noire, par endroits grisâtre, sur laquelle avait été brodé un damier qui s'étendait sur ses manchettes et ses épaules . Semblable à une veste de smoking, l'apparat s'affublait d'une fraise obscure au niveau du cou que le noble avait pris soin de nouer en noeud papillon, une invention qui lui avait valu bien des éloges au cours des cérémonies mondaines . Très chic dans l'âme, il exprimait cet orgueil gentillet par le costume endeuillé qu'il revêtait chaque jour (puisqu'on « ne se change pas quand on gagne ») .

Les longues oreilles de sa forme animale lui donnaient cet air innocent typique de ces créatures inoffensives que l'on traque dans les bois, en parfait contraste avec la meurtrissure qui transparaissait dans ses prunelles ternies, comme vidées . Rien n'habite plus Baskerville : Il n'est plus qu'une coquille aux allures sympathiques, un réceptacle, un outil, dont la faiblesse maîtresse est son esprit . Affaibli par l'amour, il en devient facilement manipulable, ne répondant qu'à l'appel du devoir . À présent, il lui restait la Rose Noire .